Un peu d’histoire…
DU HAUT DE L’OPPIDUM
Au temps de Cosa (Cos), ” Vicus ” principal des Cadurques du Sud
Nous voici, par la pensée, à la fin de l’indépendance gauloise, en 58-51 avant notre ère, époque où César, général Romain, fait la conquête de notre pays.
Le ” Vicus “, ou bourg, de Cosa, très prospère, est adossé aux pentes des coteaux, bien face au levant, et garnit le cintre de la grande courbe, sur une étendue d’environ un kilomètre et demi.
Cosa est construit en solides cabanes, de formes et de dimensions variables, en terre durcie avec charpente de rondins entrecroisés. Des chaumes ou paillotis, épais, solidement clayonnés, forment les toitures qui surmontent des cheminées de terre toute noircie.
La principale rue de Cosa va du nord-est au sud-ouest, au pied même des pentes. Elle n’est autre, d’ailleurs, que le chemin qui part du gué sud du bourg et se dirige ensuite vers Divona (Cahors). Sur la place centrale (quartier Fage), sont des ateliers de poterie et de tisserands gaulois. Un chemin part de cette place et se dirige vers un gué, un peu en aval du ruisseau de Frézières.
La tradition rapporte qu’au temps de Cosa, il y aurait eu, à ce passage, le pont Nord de la ville gallo-romaine. Il existe des traces de vieux chemins empierrés qui aboutissent à la berge gauche, face au gué. Enfin, d’après des récits d’aïeux, il y aurait eu à ce passage, un moulin et un îlot, qui auraient été emportés, il y a un siècle et demi, par une forte inondation.
Au bas des pentes de l’oppidum (emplacement de l’église actuelle) coule la source sacrée du bourg. Cette source vient sourdre sur le chemin, au bas de l’église de Cos et dans la propriété de Monsieur Jean Vaissières, Maire de Lamothe-Capdeville de l’époque, qui a fait construire, en ce point, au bas de sa maison, un petit bassin de retenue d’eau (Les textes datent de 1934).
Telle est la vue d’ensemble du ” Vicus (gros bourg fortifié) principal des cadurques du Sud “.
Nous avons dit que Cosa est très prospère. Cosa a ses marchés périodiques où viennent commercer des négociants, des colporteurs, des trafiquants de tous les pays voisins. Y viennent également en caravanes des mercantis ibériens et hispalienses (Espagnols, des Narbonnais, des Massaliotes (colons de Marseille : Phocéens, Grecs, Egéens, Juifs).
Les marchandises sont très variées au point de vue première nécessité, luxe, simple bimbeloterie, mais aussi au point de vue matière, substance (terre cuite, marbre, ambre, perles, fer, bronze, or, argent), enfin au point de vue art (sculpture, ciselure, décoration). Ces marchandises comprennent des groupements d’objets dont la variété et la confection sont surprenantes pour cette époque gauloise : outillage et ustensiles variés, armes, équipement, étoffes, toiles, céramique, verroterie, objet en métal précieux.
COSA – HISPALIA, Ville Gallo-Romaine
Cosa, ville libre, comme toutes les autres, a son corps de chefs propre, ses fonctionnaires, sa police locale, ses contributions, ses dépenses, ses cultes, ses outils, ses dieux.
Sous la tutelle romaine, qui est une garantie de paix et de sécurité, les Gaulois vont devenir agriculteurs parfaits, artisans habiles et arriveront assez vite à la prospérité, à la richesse et au luxe même.
La ville de Cosa a ses assemblées ” curies, comices ” qui élisent les membres du sénat municipal (décurions) chargés de faire rentrer les impôts, et les magistrats (Duumvirs) qui ont pouvoir administratif, judiciaire et militaire. Au-dessus d’eux, des édiles surveillent les marchés, fêtes, cultes, voies publiques, des questeurs veillent aux opérations financières, enchères publiques, locations, baux, etc…
Cosa, grâce à ses linières, ses chènevières et ses adroits tisserands, peut fournir à tous les pays voisins, et même à Rome, ses solides toiles (cadurcum) pour tentes, voiles de navires, matelas etc…
Des céramistes renommés fabriquent des vases, urnes, amphores, du type Samien avec ornementations très artistiques.
Un grand commerce de poteries existe entre Cosa et Nîmes, Marseille. Les preuves en sont données par les inscriptions sur des fragments recueillis. Enfin, la brillante civilisation de Cosa est grandement témoignée par les trouvailles de toutes sortes réalisées à ce jour : monnaie, bijoux, statuettes, etc…
En un mot, cette prospérité et cette civilisation vont durer cinq siècles, et pendant trois siècles, au moins, elle est hors de doute.
Cosa disparaît peu à peu.
La ville de Cosa n’a point dû ” périr d’une morte violente ” comme l’a écrit Monsieur Devals dans son rapport sur les antiquités de Cos. Elle n’a pu être rasée d’un coup par les vandales de l’an 407, pas plus que par les Wisigoths, après l’an 413.
La cité antique a été émiettée peu à peu comme la civilisation gallo-romaine elle-même. Notre ferme opinion est que Cosa a disparu, à la longue, sous les coups successifs qu’elle a dû subir : Germains et autres ” barbares ” et surtout les Francs, sous les successeurs de Clovis, de 511 à 630.
Des historiens du Quercy rapportent des faits qui ne laissent aucun doute à ce sujet.
Cahors, bien défendue, résista à ces coups successifs, tandis que Cosa, livrée à elle-même, dut succomber peu à peu.
Bibliographie
-Bulletin archéologique du Tarn & Garonne de 1934.
-Bulletin archéologique du Tarn & Garonne de 1930, Tome 58.
-Manuel de géographie et d’histoire de Gasc 1872.
-Répertoire archéologique de 1873.